15/08/2014

XVIIème siècle (ouvrage de Jules Serret - BNF)

D'après les registres de la jurade déposés aux archives de l'Hôtel de-Ville d'Agen, un procès-verbal fut dressé par le juge-mage Jaydorzy, assisté des consuls Cambefort, Jehan de Foix et Bernard Berduc, pour constater les dommages résultant du débordement du 22 novembre 1601.

La Garonne avait détruit dans la ville quatre ponts, renversé les murailles fortifiées et bon nombre de maisons dans les quartiers Saint-Georges et Saint-Antoine.

Henry IV, témoin de l'inondation des rivières et de leurs ravages, écrivit à Sully cette lettre mémorable :
« Mon amy, Pour ce qui touche la ruyne des eaux. Dieu m'a baillé mes subjects pour les conserver comme mes enfants. Que mon « Conseil les traicte avec charité; qu'on les secoure de tout ce que l'on jugera que je pourrai faire. Je finirai, vous asseurant que je vous aime bien.
Signé : HENRY. »


En 1605, les jurats d'Agen envoyèrent à Paris, auprès du Roy, le consul Cambefort, sieur de Selves, pour réclamer le dégrèvement des tailles, à propos des débordements de la Garonne. Ce fut avec peine que Sully accorda les crédits indispensables à la restauration des ponts renversés et des chemins royaux entièrement ravinés autour d'Agen.

Le retour des fortes inondations eut lieu le 30 janvier 1616.

En février 1618, l'eau monta entre 9 et 10 mètres, au port d'Agen.

De 1623 à 1633, il y eut dix grandes crues successives.

En 1636, les 29 et 30 mars, l'inondation fut semblable à celle de 1618.

En 1640, les 21 et 22 mars.

Le dimanche 24 février 1641, jour de la fête de saint Mathias.

Le 25 novembre 1645

Le 11 avril 1646

Le 9 décembre 1647.

Le débordement du 1er mars 1648 fut très violent par sa rapidité.

Le 25 juillet 1652, Argenton rappelle : que la crue envahit la ville. Elle vint, le 26, jusqu'au puits du Saumon, au collège des Jésuites, dépassa la porte de l'hostel de ville, renversa le mur d'enceinte entre Saint-Antoine et les Jacobins. Il fallut ouvrir la Porte Neuve, qui avait été murée à l'occasion de la guerre, pour laisser passer la procession d'usage. C'était la seule porte que l'eau n'eut pas atteint. Il y avait environ dix mètres de hauteur d'eau.

Eu 1665, la crue parut très longue; elle commença le 18 février et se prolongea jusqu'au 10 mars.

Celle de 1668 dura trois jours, du 20 au 23 juin.

L'inondation du 3 juillet 1678 fut l'objet, dans le journal de la jurade d'Agen d'une requête adressée à la Cour du sénéchal, par les consuls de Cambes et Mongausy. « la pluie, écrivent-ils, ne cessa de tomber depuis le 2 juillet jusqu'au 15 du même mois. Tous les cours d'eau de la sénéchaussée ont desbordé avec une si grande précipitation qu'ils ont inondé tous les champs, et se jettant avec rapidité dans la Garonne, l'ont tellement enflée qu'elle a envahi toutes les plène avoisinantes, les a ravagé par l'enlèvement de la plus grande partie des foins coupés sur les prés et couvrant le reste des prairies de vases et de bourbiers. En telle sorte, qu'on peut dire la perte générale, par le notable dommage causé à tous les champs ensemencés de bleds, mesture, seigle, orges, chanbre, millets et tous autres menus grains dont la récolte estoit preste à coupper; quelle a couvert d'un limon puant et espès. La plus grande partie est entiérement perdue et le restant bien endommagé. Quoyque cette perte soit fort considérable, celle qui est arrivée sur les petites rivières et dans tous les vallons et collines qui les dominent, ne l'est pas moins, puisque les eaux y ont coulé si précipitamment quelles ont emporté tous les guérets des champs et des vignes, enlevé tout ce qui s'est trouvé de foins coupés sur les prés et le surplus couvert de bourbier et de petites pierres, hors d'estat d'alimenter les bestiaux de longtems, endommagé la majeure partie des blés, mestures, seigles et autres menus grains, etc. »

Plusieurs requêtes du même genre furent transmises de divers cotés au siège de la même juridiction.

On trouve aux archives :

1- Celle de Jehan Blanc, lieutenant du juge de Cuzorn, assisté des consuls de la localité, exposant les désastres survenus dans la vallée de la Lemance, par le déluge qui y tomba.
2- Le procès-verbal rédigé par Pierre Labat, procureur fiscal à Tonneins-Dessus, d'accord avec les consuls, parle du ravage extrême occasionné par le débordement de la Garonne aux foins déjà coupés, aux chanbres, blés, millet d'Espagne et tabac», le tout enterré sous un limon corrompu ou sous d'épais graviers. État de vive souffrance des habitants. Ils implorent la clémence de Sa Majesté, pour soulager leur profonde misère.
3- Enfin, les doléances des consuls de Castelsagrat au juge mage, présentant à ce magistrat le tableau de la dévastation causée par les eaux torrentielles de la Barguelonne, sur la vallée qu'elle baigne, depuis Lauzerte jusqu'à la Garonne, sollicitant la généreuse intervention des officiers de la Couronne en faveur des pauvres inondés.

Les derniers débordements du XVIIème siècle arrivent en 1690 et 1693.