28/01/2016

La guerre contre les huguenots - épisode 2

Second volet de la guerre contre les Huguenots d'après les mémoires du Cardinal de Richelieu.

Cette fois, j'ai pris la liberté de vous résumer les événements mais toujours en respectant le récit originel dont je fournis des extraits (en italique).

L'étincelle qui a déclenché cette guerre est suffisamment détaillé dans le premier épisode, de la main du Cardinal, pour que je n'y revienne pas.

Nous allons maintenant voir comment certains ont manœuvré pour atteindre les bonnes grâces du Roi et vous verrez aussi que nos politiques actuels ont bien appris de ceux du passé :-)

Extrait de la page 128 à la page 141, du tome troisième, publié par le Comte Horric de Beaucaire sous la direction du Baron de Courcel en 1912.

Nouveaux personnages:

Mme des Essarts : comtesse de Romorantin, fille de François des Essarts et de Charlotte de Harley, fut une des maîtresse de Henry IV. Elle prétendit avoir épousé le cardinal de Guise dont elle eut cinq enfants. Elle se maria en secondes noces, en 1630 à François de l'Hôpital, seigneur du Hallier, maréchal de France.
Saint-Bonnet : François de Bermond, seigneur de Saint-Bonnet, l'un des plus braves lieutenants de Lesdiguières, ou peut-être son fils Jean .
Favas : Jean de Favas ou Fabas, vicomte de Castets

1621 suite...


Le Roi LouisXIII se prépare donc à la guerre et rétablit certains impôts oubliés afin de récolter assez d'argent pour payer les troupes. Le mécontentement du parlement cible étrangement la Reine qui n'y est pour rien.
Le revenu du Roi tiré de la gabelle est amputé de 400 000 livres et le clergé est sollicité. Il accorde un million d'or que le Roi doit employer au siège de La Rochelle.

Vient ensuite la recherche d'un chef de guerre assez charismatique et vertueux pour plaire à tous et impressionner l'ennemi. Le duc de Luynes, en fin stratège oriente habilement la recherche vers un improbable chef, assez âgé et fidèle à sa religion pour s'effacer devant lui.

"...
Quelques-uns désignent le maréchal de Lesguières, âgé de soixante ans, vieilli dans les armées, élevé dans le service du feu Roi (Henri IV), homme d'exécution et de grande créance parmi ceux de la Religion prétendue réformée, qui tenoit beaucoup de places entre ses mains et avoit beaucoup d'amis dont le parti du Roi serait fortifié et celui des ennemis affoibli d'autant.
..."

Le maréchal de Lesguières est convoqué auprès du Roi afin de le "convertir et faire connétable".

"...
Arrivé qu'il est, il en remercie le Roi, et, par une harangue concertés, à laquelle M. de Bullion l'avoit disposé, selon qu'il l'avoit promis au sieur de Luynes, lui fit connoître que le duc de Luynes seul méritoit cette charge.
..."

Partie gagnée pour de Luynes.

Côté mutinerie, à La Rochelle, l'assemblée se montre plus mutinée que jamais. De plus, à la cour, certains esprits malveillants, persuadent le duc de Luynes que la reine œuvre en douce pour "se défaire de lui" et exhorte en douce les huguenots à la rébellion. Une violente campagne de calomnies et de mépris envers la Reine commence alors, il est dit au Roi qu'elle complote contre lui et cherche à s'immiscer dans les affaires du royaume (son droit légitime) afin d'en découvrir les secrets pour œuvrer contre lui, bref, on l'accuse de comploter contre les intérêts de son fils.

"...
Si la Reine lui parle avec franchise, on dit qu'elle fait la complaisante pour gagner son esprit; si elle est réservée, que sa conduite est pleine d'artifice. La visiter est un crime. Si les grands lui rendent les honneurs qui lui sont dus, on tourne les respects en cabales. Il n'y a charge dans la cour que pour ceux qui ont contribué à sa ruine, que pour ceux qui ont lâchement abandonné son service.
..."

Comme toujours, il convient de se demander "à qui profite le crime ?". Au duc de Luynes, bien entendu, ravi de cette opportunité qu'il saisi à bras le corps, de faire sa place en cour. Il souhaite user de sa nouvelle influence sur le Roi en lieu et place de la Reine et du Cardinal de Richelieu. Richelieu est à son tour accusé de trahir la Reine dont il est le confident. De Luynes prétend à qui veut l'entendre, que Richelieu lui confit tous les secrets de la Reine (par la même qu'il la trahit), et qu'il est désormais son ami proche.

"...
Il publie partout que je suis son confident, que mes intérêts lui sont aussi chers que les siens, dit à quelque grand que je lui ai donné parole de le servir, au préjudice même de ma maîtresse, que la Reine ne peut plus avoir de secret dont il n'ait, par mon moyen, une pleine connoissance.
..."

Le reine conseille à Richelieu d'être patient et de laisser dire; Richelieu fait tout de même savoir à de Luynes, que plus il médira, plus lui, Richelieu, donnera des preuves de son attachement à la Reine. Les grands finissent par prendre ombrage du mauvais traitement subi par la Reine et certains lui offrent leurs services. la Reine ne souhaite pas diviser plus l’État "la plus grande gloire que puisse avoir un prince c'est de pardonner", dit-elle.

Je lis aussi cette intéressante citation de Richelieu :

"Pour se garantir du mal, il se faut servir de la droiture de sa volonté, et, pour éviter les soupçons, de la dextérité de l'entendement"

Richelieu ne souhaite pas éliminer de Luynes comme certains le proposent, car ce serait perdre définitivement le cœur du Roi et "souiller la justice".

Là-dessus, un différend nait entre le cardinal de Guise et M. de Nevers au sujet de la "collation du prieuré de la Charité" dont la possession revient de droit à de Nevers. Le cardinal de Guise, marié en secret à Mme des Essarts, souhaite en disposer en faveur d'un de ses fils.

Devant la gravité de la querelle qui prend des proportions inquiétantes, la Reine écrit au Roi, mais la cabale contre elle fait que son avis est négligé voire détourné par les médisants. Elle vient alors directement en discuter avec son fils qui la reçoit froidement, mais ils tombent quand même d'accord sur deux points : il ne faut pas perdre de vue l'essentiel : les huguenots doivent rentrer dans le rang de gré ou de force et cette querelle de Guise, de Nevers doit cesser afin que les esprits soient "unis et portés à même fin", à savoir la lutte contre les huguenots.

Cette fois, la Reine fait mouche, de Nevers récupère son bien, tandis que le cardinal de Guise est emprisonné à la Bastille.

Désormais, les "affaires vont toujours de plus en plus à la guerre contre les huguenots"

"...
M. de Lesdiguières, avec la permission du Roi, envoi Saint-Bonnet à l'assemblée de la Rochelle, pour les conjurer de se séparer, ou, s'ils ne le font, leur reprocher leur désobéissance et les menacer d'un rude traitement. L'assemblée lui écrit le 2 avril avec insolence de faire cesser ces troubles. Saint-Bonnet s'en ouvre au Roi et porte la réponse à Favas 

"...
Le Roi ne veut souffrir qu'on tienne une assemblée contre sa volonté, veut qu'ils se séparent et que les députés d'icelle lui demandent pardon; ce qu'étant fait, il leur donnera contentement raisonnable sur toutes leurs demandes.
Favas porte cette réponse à l'assemblée; ils ne l'ont pas agréable et osent bien mander que le Roi leur a obligatioin d'avoir mis Henri le Grand, son père, dans le trône.
..."

Voilà pour cette seconde partie qui nous donne un aperçu assez édifiant de l'ambiance à la cour du Roi.

Prochainement sur ce blog, un nouvel épisode de la guerre contre les huguenots :-)


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